Retraite : mode d’emploi

Publié le par JEN

La retraite : une étape symbolique
Retraite, c’est un mot que l’on entend de plus en plus. D’abord parce que ceux qui sont concernés sont plus nombreux, mais aussi parce que ses effets ont considérablement évolué en un demi-siècle. Rappelons-nous qu’en 1950, l’espérance de vie correspondait approximativement à 65 ans. Aujourd’hui la retraite est devenue le passage symbolique d’une activité professionnelle à une « autre vie ». Celle-ci peut cependant être abordée soit positivement comme permettant une vie de loisirs et de réalisation de ses aspirations, soit négativement comme une mise à l’écart de la société, sorte d’antichambre de la vieillesse.

Autres temps, autres mœurs
La vie de nos contemporains vient d’être bouleversées par un allongement de près d’un quart de sa durée. On mesure bien les conséquences économiques de cette brusque évolution démographique par rapport au financement des retraites. Cependant, on évalue encore mal ses conséquences psychologiques sur les individus concernés, sur les rapports familiaux ou sur le rôle nouveau que peut jouer cette population émergente de seniors nombreux et actifs.
De plus le terme « retraite » est devient inadapté : il évoque qu’on se retire ou qu’on fuit (retraite monastique, retraite Russie). Désormais il devient impropre pour les seniors dynamiques qui entament une deuxième vie. D’autant que la connotation pénible du travail (qui dérive étymologiquement d’un instrument de torture) ne s’oppose souvent plus à celle, agréable, de loisir. On peut, en effet, éprouver du plaisir et de la gratification dans son travail lorsqu’il permet de se réaliser, tout autant qu’on peut s’adonner à des loisirs éprouvants ou dangereux.
Il reste néanmoins difficile d’intégrer une nouvelle signification au terme « retraite » car les habitudes sont tenaces et il subsiste des emplois ou la pénibilité, si elle est moins physique a été remplacée par le stress, sans compter certains « dysfonctionnements » :
- dans les entreprises : culte naïf du jeunisme, incapacité à employer honorablement des seniors…
- crainte du vieillissement : c’est une hantise pour ceux qui se sentent dévalorisés, malgré qu’ils soient encore en pleine forme physique et intellectuelle, et même s’il y des seniors actifs n’ont rien à voir avec les « personnes du grand âge ».

Le verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Certains peuvent se désoler de n’avoir plus que 25 ans (ou moins) à vivre. D’autres peuvent considérer que c’est là une opportunité merveilleuse, impossible à nos parents. Cette différence d’appréciation relève de :
- la psychologie : quelle capacité personnelle ai-je de réagir dans la vie ?
- la philosophie : quelle conception ai-je de l’existence ?

L’une et l’autre sont largement tributaires de l’environnement culturel des individus, de leur motivation et peuvent conditionner largement leur manière de concevoir, préparer et vivre leur retraite et leur vieillissement.
Il est cependant possible d’aider les gens à positiver leur retraite. Savoir, en effet, que l’on va passer d’une position « d’acteur » (productif et surmené) à celle de « spectateur » (libre et décontracté), permet de porter sur la société un regard nouveau, plus bienveillant et compréhensif.

Il vaut mieux y penser avant
Une retraite réussie se prépare longtemps à l’avance :
- intellectuellement : celui qui a tout misé sur sa carrière et qui n’a pas cultivé de vie intellectuelle ou sociale, risque d’être désemparé quand son univers professionnel lui échappera brusquement. Celui qui, au contraire, a toujours eu des centres d’intérêt multiples sera heureux de pouvoir s’y adonner plus librement.
- physiquement : lorsqu’on a la chance de jouir d’une bonne santé, une hygiène de vie correcte permet d’aborder la retraite avec optimisme. Beaucoup sont cependant très inconséquents… ne serait-ce que ceux qui oublie que ce qui est marqué sur leurs paquets de cigarettes n’arrive pas qu’aux autres, et risque de ne pas avoir le loisir de profiter longtemps de leur retraite.
- affectivement : on n’a  jamais rien trouvé de plus utile qu’un environnement familial et amical harmonieux. Bien sûr, celui-ci dépend autant  du hasard que de notre mérite personnel. Cependant en cette matière, l’adage : « plus on donne plus on reçoit » se vérifie toujours. Ainsi, lorsque les retraités ont la chance d’être grands-parents, ils ont l’opportunité de jouir d’un privilège incomparable : celui de transmettre à leurs petits-enfants non pas une expérience (intransmissible par nature) mais un « savoir être » (s’ils ont su l’acquérir eux-mêmes), des repères familiaux ou simplement une connivence inter génération, ce qui est l’objectif d’associations comme l’EGPE.
- matériellement : si l’argent ne fait pas le bonheur, une bonne pension de retraite y contribue singulièrement… merci Part’Ages !

Rôle  valorisé des caisses de retraite, assurances, sécurité sociale…
Si leur vocation sociale est parfaitement implicite, leur rôle est d’abord la collecte, la préservation et la redistribution financière, leur rôle ne doit plus seulement limité à cette dimension. Elles ont désormais à jouer un rôle complémentaire de préparation à la retraite et d’accompagnement très gratifiant pour les intéressés :
- Etape 1 - préparation : nul mieux que ces instances ne peuvent aider les futurs retraités à se préparer à leur nouvelle vie, et ce au moins 5 ans à l’avance. Cette aide peut consister à donner des informations sur toutes les activités ou associations diverses qui existent, mais aussi a donner quelques recommandations psychologiques, éventuellement en coopération avec les RH des entreprises. On notera à cet égard que la vocation des entreprises n’est pas de s’occuper de leurs retraités, ni avant ni après la retraite. Si certaines le font plus ou moins timidement c’est plus dû à des initiatives personnelles ou à visée « publicitaire ».
- Etape 2 - accompagnement : pour aider les retraités à découvrir toutes les opportunités qui s’offrent à eux, il faut leur faciliter l’accès à l’information, aux offres des villes, des associations et autres clubs qu’ils ne peuvent vraiment découvrir aujourd’hui que par hasard ou en étant très curieux. L’accompagnement des retraités nécessite le même effort intellectuel et la même organisation que la préparation.
On notera que ce volet « social » nécessite plus un investissement en imagination et initiative que de coût économique, d’autant qu’il peut induire des économies substantielles en matière de santé. Des retraités plus sereins sont moins sujets aux problèmes psychosomatiques.
La relation avec le monde associatif est à cet égard primordiale car les organismes à vocation financière ou administrative pourront y trouver le supplément humaniste dont ils ont besoin.

Vis comme si chaque jour était un cadeau inespéré
A quelque étape de l’existence où l’on se place, c’est largement le sens que l’on donne à sa vie qui nous vaut de la vivre avec bonheur, tristesse ou ennui. C’est encore plus vrai à l’âge de la retraite où quelques règles de bon sens peuvent être recommandées comme :
- participer : à son environnement familial et social. Des associations multiples proposent d’innombrables activités gratifiantes et utiles. La participation bénévole à leurs actions peut compenser largement et de manière plus amusante le temps passé antérieurement au travail salarié, avec en moins : le stress, la subordination, ou l’aliénation inhérente à beaucoup d’emplois.
- communiquer avec les autres : la plupart des petits plaisirs de la vie sont issus des rapports que nous entretenons avec notre entourage : famille, amis, voisins et jusqu’aux rencontres de hasard qui nous font échanger quelques mots ou un sourire avec des inconnus. Les associations sont souvent des lieux d’échange où, comme dans les auberges espagnoles, on trouve ce qu’on y amène.
- Philosopher : il est primordial, avant de prendre sa retraite, autant qu’après, d’essayer de comprendre qui on est, comment on fonctionne, qu’est-ce qui nous motive ou nous rebute. Cette démarche, aussi modeste et fragmentaire soit-elle s’appelle philosopher. Quand Montaigne nous dit « que philosopher c’est apprendre à mourir » il sous-entend que c’est surtout apprendre à vivre le mieux possible, avec ses angoisses existentielles normales dont celle de la mort (la nôtre autant que celle de nos proches) est la principale. Seule la réflexion permet de se décomplexer, de se trouver une identité et de goûter à un bonheur raisonnable.
Dans la mesure où l’on observe ces recommandations pour vivre le plus pleinement possible, la retraite peut devenir une période de la vie merveilleuse car on a conscience que chaque jour est un cadeau inespéré.

Conclusions
On peut dire de la retraite exactement la même chose que de la vie d’adulte ! Plus elle se prépare, se réfléchit et s’organise et plus elle a de chance d’être gratifiante. Si elle est favorisée par des « droits » (pension de retraite, droits sociaux), elle est aussi soumise à des « devoirs » dont la solidarité et l’altruisme dans le cadre de la famille, la cité ou les associations ne sont pas les moindres.
En dépit des aléas ou des accidents de la vie, comme le bonheur, la retraite est une nouvelle vie qui ne va pas de soi, elle se construit et se mérite.

Jacques NOZICK
EGPE (Ecole des Grands-Parents Européens)

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T
bonjour,à chaque âge le combat est différent;j'utilise mon espace d'indépendance à retrouver mon moi profond et à me maintenir en paix ,c'est un travail de chaque instant!!!j'ai beaucoup de "passions" je vis chaque heure intensément.
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S
je me décide à faire un tour sur ce superbe site!!!<br /> je viens d'en ouvrir un autre, mais je n'ai pas envie de recopier ce qui était dans le précédent!<br /> http://admd34.hautetfort.com/<br /> merci de cette philosophie qui rejoint la mienne, bien entendu,celle des admd du monde, j'espère:<br /> une certaine liberté pour choisir sa vie malgré les contraintes obligatoires <br /> et ceci jusqu'à la fin de ma vie<br /> mais je crains que les médecins et la loi ne me retirent cette liberté, si je suis trop faible pour me défendre ou si je deviens démente...<br /> alors je milite avec l'admd pour essayer de faire bouger la loi, les parlementaires, le gouvernement<br /> pot de terre contre pot de fer? <br /> peut-être, mais si on se résigne, rien ne peut arriver...<br /> alors ne nous résignons pas, et faisons tout notre possible pour bouger les choses...<br /> je veux une mort douce, pas une agonie horrible pour les mienes, sinon pour moi, pas une dégradationd de mon être qui ferait de ma vie une torture morale pour moi et mes proches<br /> et j'aimerais être certain de pouvoir choisir mon heure, avec les miens...
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M
coucou Jen <br /> <br /> mais oui que la retraite c'est super pour ceux qui ont les moyens surtout..car beaucoup vont devoir reprendre un boulot pour arrondir cette retraite. <br /> <br /> Je n'ai pas peur de vieillir , car chaque âge à ses plaisirs, et "de mon temps" je crois qu'on s'amusait bien mieux que notre jeunesse actuelle, autre façon de vivre aussi. <br /> <br /> peut être qu'il faudrait cesser les activités progressivement pour ceux qui se retrouvent seul entre 4 murs ,.mais il y a tellement de choses à faire, du bénévolat aussi mais ça doit faire drôle de ne plus devoir aller travailler ..<br /> <br /> merci de ta visite et de ton com et bonne soirée ..
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