Démocratie

Publié le par JEN


De toutes les manières que les sociétés ont inventées pour se gouverner, la démocratie apparaît comme la plus intéressante. Elle supplante tous les autres systèmes connus depuis la nuit des temps : des plus courants comme la monarchie, l’aristocratie ou la dictature et jusqu’aux expériences plus ou moins malheureuses du communisme et autres collectivismes.
Pour mieux réfléchir aux difficultés et aux atouts de la démocratie, il n’est pas inutile de chercher à comprendre comment cette invention est née.

Définition
Nous appelons démocratie un régime fondé sur l’élection des gouvernants par les gouvernés. Elle peut être par représentation directe des électeurs (cas des cités grecques) ou par délégation à des mandataires élus. Les modes d’élection, de représentation et de délégation sont définies par des lois.

Origine
Depuis toujours des dominants, souvent des chefs de guerre, de tribus ou de sectes religieuses, ont imposé leur loi pour gouverner leurs sociétés.
L’origine des cités grecques provient sans doute du rassemblement de guerriers autour d’un chef, dans un lieu où ceux-ci pouvaient s’exprimer lors d’assemblées. L’habitude prise par le débat sur ce qui allait devenir l’agora, cœur de la cité, s’est progressivement éloignée des seules préoccupations militaires pour s’intéresser aux questions civiles. La société guerrière est devenue aristocratique (aristo : les meilleurs) avec entre ses membres une égalité de droits et de devoirs, et l’élection des responsables. L’excellence et le courage du guerrier au combat se sont transformés en une excellence et un courage civiques devant la loi que les membres se sont choisis et qui autorise une vie communautaire efficace.


Spécificité de la démocratie grecque
La démocratie grecque fut assez restreinte, si l’on considère que les femmes, les métèques (étrangers) et les esclaves en étaient exclus. En fait, elle n’excédait pas quelques milliers de citoyens libres désignant eux-mêmes par roulement ou tirage au sort leurs divers chefs et magistrats. Elle fut assez éphémère et fragile.

La religion et les lois sacrées y sont omniprésentes et accompagnent la vie quotidienne. Il était, par exemple, normal de consulter les oracles. Cependant la prêtrise n’est pas une vocation mais une fonction. Les dieux, maîtres du destin des hommes dont évoqués dans les fêtes et le théâtre où se mêlent sacré et profane.

S’il y a eu un « miracle » athénien, il est plus dû à la richesse économique de la cité (en 454 avant JC les fonds procurés par le tribut annuel versé par les cités alliées - pour être défendues par Athènes contre les Perses – sont détournés par Athènes qui en disposera à sa guise). Cette richesse, son habileté politique et commerciale lui permet de lancer de grands travaux comme ceux de l’Acropole. C’est aussi dû à l’excellence des « artisans » et des artistes que peuvent s’offrir les plus fortunés.

Théoriquement, le peuple était souverain, mais en fait, la cité est gouvernée par le stratège. Périclès l’un des plus éclairés n’en exerce pas moins un pouvoir quasi royal, mais pour le bien commun, et avec une vertu exemplaire.

Athènes était cependant une cité éminemment guerrière et « impérialiste » qui s’est aussi enrichie par les armes. Ceci qui lui vaudra quelques déboires, par exemple en 415 lorsqu’elle décide une expédition militaire pour coloniser la riche Sicile qui connaît un échec dramatique (20 000 morts), et annoncera la fin de la démocratie.

De Solon au siècle de Périclès est promu un idéal d’excellence. L’action législative de Solon (594 av JC) a été décisive. Elle est fondée sur l’idée de la justice sociale. Chacun a le devoir de défendre la loi, en la respectant soi-même et en ne tolérant pas qu’elle puisse être bafouée.

Le sophisme, produit de la démocratie
Philosophie (spéculation intellectuelle) et démocratie (action politique) sont concurrentes à Athènes, leur seul point commun est une certaine universalité. La première vise à « hausser par l’esprit » la condition humaine, la seconde à la niveler par le droit et les devoirs.
Les sophistes, sont les promoteurs d’un enseignement adapté au citoyen souhaitant exceller par la pensée et par le verbe pour s’imposer dans la vie de la cité. Leur enseignement est ouvert à tous ceux qui ont les qualités intellectuelles et les moyens financiers pour les recevoir. Dans l’assemblée athénienne, le succès appartient, en effet, à ceux qui ont l’éloquence pour convaincre et pour montrer qu’ils sauront bien administrer les affaires publiques.
Le succès des sophistes occulte la tradition « aristocratique » qui mettait en valeur les représentants des « grandes familles » ou des pouvoirs de nature religieuse, au profit des seules qualités intellectuelles des acteurs politiques.
C’est en particulier la leçon de Protagoras « l’homme est la mesure de toute chose ». Selon lui, les hommes dont les aptitudes et les talents diffèrent, ne sont pas égaux par nature. Ils ne le sont que par l’égalité issue des lois qu’ils se donnent, et par la force de leur adhésion à celles-ci.
Rappelons que le fondement de la démocratie est l’égalité de tous les citoyens devant :
- La loi
- Le pouvoir
- Le droit de voter (un homme une voix)
- La liberté de parole (liberté d’expression)

Une vision actuelle de la démocratie
Si le concept de démocratie fût inventé par les grecs, leur modèle est très éloigné des nécessités de la démocratie des pays modernes. Nous avons une représentation humaniste de la démocratie, alors que celle d’Athènes était fondée sur l’esclavage et la conquête guerrière.
Dans un pays de 60 millions de citoyens comme la France, le modèle grec de démocratie directe est bien sûr inapplicable. Les citoyens ne peuvent qu’élire des représentants et n’avoir sur eux aucun contrôle direct, si ce n’est de manière différée par la sanction des urnes.
Le problème se pose alors pour l’individu de savoir si son mandataire saura bien le représenter car chaque électeur n’a qu’une infime influence sur le choix des élus. Sachant que la motivation qui fait agir les individus est essentiellement l’intérêt ou le plaisir, ceci induit de nombreuses et délicates questions :
- Les élus vont-ils se dévouer au bien commun ou défendre des intérêts particuliers ?
- Qui recueille le plus de suffrages : le vertueux ou le démagogue ?
- L’avis de l’électeur sot vaut-il celui du sage ?
- Que faire quand sa confiance est trompée ou déçue ?
- Où s’arrête le débat démocratique et où commence la discorde ?
- n’y a-t-il rien à craindre d’un gouvernement d’une « populace » idéologisée ou un clientélisme entraînant des dérives mafieuses possibles ?

Une démocratie ne peut fonctionner que si les lois qu’elle se donne sont justes et respectées. Ceci implique que les citoyens soient animés d’une vertu civique qui ne s’acquiert que par l’éducation. Enfin pour bien fonctionner toute démocratie doit imaginer des dispositifs de régulation et de contrôle (séparation des pouvoirs, gestion irréprochable, égalité devant la loi…).

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R
Amitiés d’un petit poète qui s’enquiert de toute lumière…et vous convie au partage des émotions…
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G
Mr Nozick,<br /> Je suis une amie de l'une de vos cousines qui, venue du Canada, vit aujourd'hui a Birmingham, en Alabama, ou je reside moi aussi. Alors qu'elle cherche vos coordonnees dans la famille, elle m'a dirigee vers votre Blog. Je suis Francaise et reside aujourd'hui aux Etats-Unis. J'ai besoin d'entrer en contact avec vous, il se peut que vous puissiez nous apporter votre aide a ma jeune fille de 10 ans et moi-meme alors que nous faisons face a une situation injuste et douloureuse qui se joue en France. S'il vous plait, je vous demande de me contacter en m'envoyant un email. Mon site contient aussi mes coordonnees telephoniques. Je vous remercie d'avance et vous souhaite une Douce et Belle annee.<br /> Genevieve Begue
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